Le docteur Conrad Murray, 51 ans, connaissait Michael Jackson depuis trois ans. C’est lui qui, selon les résultats préliminaires de l’autopsie, a administré au chanteur, en intraveineuse, une dose mortelle de Propofol, un puissant anesthésiant utilisé d’habitude en salle d’opération, le 25 juin dernier.
Lorsque le «king of pop» s’était installé à Las Vegas, il avait appelé le médecin, dont le cabinet était juste à côté, pour soigner un de ses enfants.
Le souriant docteur, originaire de Trinidad, lui avait plu. Et lorsque Michael Jackson a décidé de partir en Angleterre pour entamer une dernière tournée de 50 concerts, il a insisté auprès du promoteur AEG pour que le D
r Murray l’accompagne. Ce dernier était donc depuis six semaines le médecin personnel du chanteur. Et il avait été embauché pour la jolie somme de 150 000 dollars (105 000 euros) par mois.
Insomnies. La police a fait plusieurs descentes dans ses bureaux à Las Vegas et à Houston. Et le médecin a été entendu pour essayer de reconstituer les derniers instants de Michael Jackson. Le chanteur semble-t-il, réclamait régulièrement au docteur son «lait», en clair le Propofol, pour combattre ses insomnies. Conrad Murray dit avoir compris que son patient était accro au médicament et aurait même voulu diminuer les doses de Propofol en le substituant par deux autres sédatifs, le Lorazepam et le Midazolam. Le premier traite l’angoisse, le second décontracte les muscles.
Le jour de la mort du chanteur, le docteur diplômé de cardiologie avait d’abord administré à son patient du Valium, du Lorazepam et du Midazolam.
Et comme ce cocktail ne faisait pas effet, il lui a finalement injecté du Propofol. Le médecin dit être resté aux côtés de son patient environ dix minutes, puis il s’est absenté deux minutes pour aller aux toilettes. Quand il est revenu le chanteur ne respirait plus. Il a essayé les premiers gestes de réanimation, lui a injecté un autre produit, le Flumazenil, pour annihiler les effets des autres médicaments. Mais rien n’y a fait.
Anesthésistes. Le médecin, qui risque une inculpation pour homicide involontaire, est défendu par un avocat de Houston, Ed Chernoff. Ce dernier donne des nouvelles de son client sur un blog. Il lui a aussi fait réaliser une vidéo pour clamer son innocence. Selon Ed Chernoff, le médecin
«n’a pas écrit d’ordonnance de Propofol». Il n’a pas non plus administré
«un médicament qui aurait pu tuer Michael Jackson». De fait, la police aurait retrouvé au domicile de la star des ordonnances et des médicaments prescrits par d’autres médecins, entre autre son dermatologue Arnold Klein, un docteur, Allan Metzger, des anesthésistes, David Adams et Randy Rosen. Le chanteur aurait d’ailleurs demandé par le passé au docteur Murray de faire venir à son domicile David Adams pour lui administrer sa dose de Propofol.
Il semble donc que le docteur Murray n’avait pas d’exclusivité avec Michael Jackson. Mais c’est bien lui qui était là, le 25 juin. Il a attendu longtemps avant d’appeler police secours, lui reproche-t-on aujourd’hui. Et il n’a pas signalé la piqûre de Propofol aux ambulanciers qui emmenaient la star à l’hôpital.
La presse people a bien sûr essayé d’en savoir plus sur Conrad Murray. Et elle a découvert une photo du docteur, datée de 1994, où il apparaît barbu, plus jeune, lorsqu’il avait été arrêté pour violence conjugale. Il a ensuite été acquitté, mais les ennuis avec la justice se sont poursuivis. Quand Michael Jackson l’a embauché, il traversait une mauvaise passe financière. Les factures impayées se multipliaient. Il devait 13 000 dollars (9 000 euros) de pension alimentaire. Un ancien associé lui réclamait plusieurs milliers de dollars : les deux compères avaient tenté de lancer une boisson énergétique baptisée Pitbull. En vain.
Pour couronner le tout, sa maison de Las Vegas était sur le point d’être saisie. Avec la star Michael Jackson, le docteur Murray, fils d’un médecin des pauvres de Houston, croyait pouvoir se refaire. Las, depuis la mort du chanteur, dit son avocat, le docteur
«a un garde du corps vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et il ne peut plus travailler».Texte pris ici